Les danseurs oubliés
Je viens de lire une
belle histoire que je voudrais partager.
A l’occasion de
l’Exposition universelle à Paris en 1937, il y a eu également une exposition de
danses populaires. Elle était
l’initiative d’un suédois, Rolf de Maré, installé à Paris et fondateur des
Archives Internationales de la Danse. L’entre- deux guerres était une époque où
on s’intéressait beaucoup à la danse sous ses formes tant populaires qu’avant-gardistes :
pensez aux Ballets Russes, à Isadora Duncan ou Joséphine Baker…Des instituts de
danse européens furent invités à soumettre des maquettes de danseurs en costumes
populaires. Les figures devraient être en fil de fer et comme figées dans un
mouvement de danse.
Que sont devenues les
maquettes après l’exposition de 1937 ?
Les activités des Archives ont cessé dans les années 1940. Rolf de Maré
est rentré à Stockholm, où il a fondé le Musée de Danse. Les maquettes suédoises
auraient été envoyées à ce musée, et les autres transférées à la Bibliothèque
de l’Opéra de Paris.
Dans les années 1970, une
ethnologue polonaise s’est mise à chercher ces maquettes. Le Musée de Danse à
Stockholm n’en avait aucune connaissance. L’Opéra de Paris a confirmé posséder
des documents de l’exposition comme des affiches, mais ne savait rien sur les
maquettes. La chercheuse s’est néanmoins rendue sur place. En traversant les
couloirs de l’Opéra, elle a vu des maquettes de scènes d’opéras, et a dit aux
documentalistes de l’Opéra l’accompagnant que c’était de figures de ce genre,
montées sur des planches de bois, qu’elle cherchait. L’une des personnes lui
dit alors : « Nous avons quelque chose sous le toit, au petit
magasin ». Effectivement, elle y a trouvé non seulement les huit maquettes
polonaises qu’elle cherchait, mais un grand nombre d’autres figures des pays
européens. Et voilà que, après des échanges entre les institutions françaises
et polonaises, cette collection se trouve aujourd’hui au Musée ethnographique
de Varsovie – et j’ai hâte de la voir !
Voici quelques-unes de
ces maquettes. Regardez avec quel soin ces figures sont habillées dans leurs
costumes régionaux brodés, ornés de dentelles, de bijoux en miniature, de
rubans multicolores qui virevoltent….
Roumanie/ Romania
Estonie/Estonia
Alsace
Suède / Sweden
Serbie / Serbia
Pays Basque / Basque Country
Pologne, danse des
montagnes des Tatras / Poland, dance from the Tatra mountains
Slovaquie / Slovakia
Angleterre/ England, Morris dancing
Croatie / Croatia
Crète/ Crete
Pologne, danse de Cracovie/ Poland, Cracow dance
The forgotten dancers
I have just read a wonderful story that I would like
to share.
In 1937, there was a Universal Exhibition held in
Paris. Among other events, there was an exhibition of popular dances, at the
initiative of a Swede, Rolf de Maré, who resided in Paris and had founded the
International Dance Archives there. The interwar years were a time for vivid
interest in dance, both in its ethnic and avant-garde forms: think the Russian
Ballet, Isadora Duncan or Joséphine Baker… European dance institutions were
invited to contribute with small-scale
models of dancers. The figures were to
be made of wire, dressed in regional costumes and holding the pose typical of specific
folk dances.
What happened to those models after the 1937
exhibition ? The Dance Archives were
no longer active after the war. Rolf de Maré returned to Stockholm, where he
founded the Dance Museum. The models of Swedish dances were believed to have
been sent to that Museum, and the remaining ones handed over to the library at
the Paris Opera.
In the 1970s, a Polish folk dance researcher started
looking for those scale models. The Dance Museum in Stockholm replied that they
had no idea of their whereabouts. The Paris Opera confirmed that they had some
materials, such as posters, connected with the 1937 exhibition, but knew
nothing of the models. Nevertheless, the researcher made a visit to the Paris Opera.
While she was walking along the corridors of the Opera building, she saw small-scale
models of opera scenes and pointed out to the Opera staff accompanying her that
she was looking for that kind of models, mounted on pieces of wood. One member of
the staff then said: « We do have something under the roof, in the small
storage room ». And there she discovered not only the eight Polish models she
had initially set out to find, but a number of other ones. After years of discussion between French and
Polish institutions, this collection found a permanent home in the Ethnographic
Museum in Warsaw – and I cannot wait to
see it!
Here are a few of the models. Look with what care the
figures have been dressed in their regional costumes, meticulously embroidered,
decorated with tiny trims and miniature jewellery, with ribbons dancing to the
music…
Source : Czas świętowania (« Le temps des
fêtes » ; “Celebration time”), ed. A. Czyżewski ; Warszawa
2013