mardi 9 août 2016

Les roses de Dalécarlie (5)




Encore une technique avec laquelle j’ai fait connaissance pendant le stage à Dala-Floda est le crochet multicolore du village voisin de Nås. Ce n’est pas une technique exclusive pour cette région : on retrouve par exemple de portemonnaies crochetés en plusieurs couleurs en Turquie.  La méthode consiste à anticiper le changement des couleurs dès la fermeture de la demi-bride précédente qui se fait dans la nouvelle couleur, et de dissimuler à l’arrière de l’ouvrage le fil qu’on ne travaille pas.




 Après quelques heures d’entraînement à cette technique, nous avons visité une exposition de l’artisanat local justement à Nås. Le crochet multicolore était utilisé pour fabriquer des moufles, des pochettes, des galons pour orner le bas de jupes, des bretelles qui étaient offertes comme cadeau au fiancé, des bonnets... et des châles qu’on appelle hjärtevärmare   – « chauffe-coeur ». Je crois que je me suis laissée emporter un peu par ces derniers et leur joli nom, parce que j’ai acheté un kit pour en faire un ! Je me suis dit que j’allais travailler avec la méthode de Claire, (faire une certaine quantité d’un ouvrage chaque jour, par exemple un block pour un patchwork) et crocheter une rangée par jour.  Première étape : Monter une chaîne de 800 mailles…hmmm ….




Voici quelques photos de l’exposition au centre de culture locale (Hembygdsgården) de Nås. Au fait, presque chaque village en Dalécarlie en possède un, ainsi qu’un magasin d’artisanat local (Hemslöjden). Quelle merveilleuse région !
Les dentelles aux bonnets signifient que la porteuse est mariée. A ce que je sache, dans la plupart de cultures européennes on distinguait les jeunes filles et les femmes mariées par leur couvre-chef.












The Roses of Dalecarlia (5)


During the workshop in Dala-Floda, I got acquainted with yet another textile technique: multi-coloured crochet from the neighbouring village of Nås. This technique is not unique to the region; we encounter it for instance in crocheted purses in Turkey.  In multi-coloured crochet, you anticipate the colour change with the last loop of the preceding single crochet stitch which is done in the new colour, and the yarn you are not using has to be hidden at the back of your work.


After a few hour of practice of this crochet technique, we were taken to an exhibition of local crafts precisely in Nås. Multi-coloured crochet was used for mittens, tie-on pockets, trims for skirts, braces that were gifts for one’s fiancé, bonnets…and shawls called hjärtevärmare    - ‘heart warmers’. I am afraid I got carried away by the beauty of these shawls and their pretty name, because I bought myself a kit! I decided I would work with the method of my friend Claire (make a certain stint a day, for instance one quilt block), and crochet one row every day… well, the first step is: make a chain of 800 stitches….


Here are some pictures of the exhibition at the local heritage centre (Hembygdsgården) in Nås. Actually, almost every village in Dalecarlia has one, as well as a local craft shop (Hemslöjden). What a wonderful country!

Bonnets adorned with lace mean that the wearer is married. As far as I know, in most European cultures the distinction between unmarried girls and married woman was made by means of their headwear.

jeudi 4 août 2016

Les roses de Dalécarlie (4)


Pendant le stage à Dala-Floda nous avons aussi pu nous familiariser avec d’autres techniques textiles de la région.
L’une d’elles est le tricot appelé tvåändsstickning. Je ne sais même pas s’il y a un terme français, vu que c’est une méthode si spécifique pour les pays nordiques.  On a trouvé un gant datant du XVIIe siècle, fait en cette technique. Elle consiste à tricoter en alternance avec les deux bouts d’une même pelote. Ceci donne un tricot très serré. La méthode est surtout utilisée pour les moufles – qu’on embellit richement avec des broderies, une fois finies,  pour des chaussettes, et pour les manches des vestes traditionnelles.




Les manches sont d’abord tricotées en blanc et noir. C’est seulement quand elles sont terminés qu’on les teint en rouge (explication :  ce serait du gaspillage de teindre la laine en pelote, vu qu’on ne l’utiliserait pas entièrement). Autrefois, on les apportait ensuite chez le tailleur qui les attachait à la veste en drap vert. Souvent, la veste était décorée avec des broderies faites avec la machine à coudre. Même les raccommodages étaient tricotés de la même façon !



Au fur et à mesure que l’ouvrage avançait, on tricotait plus large et les motifs floraux étaient également élargies, sans grilles pour aider la tricoteuse ! Au fait, on appelle tous les motifs floraux dans la région des « roses » ….



La difficulté avec ce genre de tricot est que les fils s’entortillent, et il faut souvent s’arrêter et les démêler. Pour cette raison, on utilise les fils filés en « Z » (normalement les fils sont filés en « S »). Nous avons visité la filature Wålstedts dans le village, entreprise familiale depuis quatre générations, qui produit ce type de fil et beaucoup plus.


Une autre difficulté, pour les personnes qui ont appris à tricoter de manière scandinave, est que le mouvement est à l’envers de ce qu’on a l’habitude de faire. Le fil est tenu sur les doigts de la main droite, et on bouge les aiguilles (toujours cinq aiguilles pour le tricot en rond) dans le sens opposé de l’habituel. Si on introduit une autre couleur, on laisse toutefois  l‘un de bouts de la pelote principale de côté et on travaille avec un fil de chaque couleur. C’est dire que l’ouvrage n’avance pas vite ! Voici mon début d’un chauffe-poignet, je crois qu’il finira comme bracelet….




Sur ce tableau du peintre dalécarlien Anders Zorn (1860-1920), on peut voir une fille de la région tricoter avec cette méthode (cela se voit sur sa façon de tenir les aiguilles). Le tricot était pour la population paysanne  une source de revenu supplémentaire. On tricotait dans la charrette en allant aux champs, dans les près en surveillant le bétail, et naturellement, à la maison pendant l’hiver. 





The Roses of Dalecarlia (4)





During the workshop in Dala-Floda we also got acquainted with other textile techniques of the region.

One is a knitting technique called tvåändsstickning. In English I’ve seen it called 'two-end knitting' or 'twined knitting', but it is essentially specific to Nordic countries. There is an archaeological finding of a glove from the seventeenth century made in that technique, which consists in alternating knitting with each end of the same ball of yarn. This yields a very compact knitting. The technique is mainly used for mittens – which are afterwards richly embroidered; socks and sleeves of traditional jackets.




The sleeves are first knitted in black and white. It is only afterwards that they are dyed red (because if the yarn were to be dyed before knitting, it would result in waste, since some of the yarn on the ball would not be used).  In the old days, the sleeves would then be taken to the tailor, who sewed them onto the green jacket made of woollen cloth. Sometimes, the tailor would ornament the jacket with sewing-machine embroidery. Even patches on the sleeves were made using the same method!



As the sleeve grew and got larger, the floral motifs got larger too, and that in spite of the fact that there were no grids for the pattern to help the knitter! Actually, all floral motifs in the region are called roses….

The difficulty with this kind of knitting is that the threads get twined and you have to stop often and untwine them. For this reason, “Z”-spun yarn is used (normally, yarn is “S”-spun). We visited Wålstedts, a spinning mill in the village going four generations back in time. They stock the “Z”-spun yarn along with other goodies.
Another difficulty for people that have leared to knit the Scandinavian way is that movements are the opposite of what one is used to. The yarn is held over the fingers of the right hand, and the needles (double-pointed needles for knitting in the round) are moved in the direction opposite to the usual one. If you introduce another colour, you work the yarn of that colour and just one end of the main colour.  All this leads to slow progress!  I started on a  wrist-warmer, but I think I’ll be happy with a bracelet!


Anders Zorn, a painter from Dalecarlia, (1860-1920), has painted a local girl knitting using this method (as seen by the way she holds the needles). Knitting was for the peasant population an additional income source. They knitted in the wagons on their way to the field, in the meadows while watching the cattle, and of course, at home during the winter months.