Les roses de Dalécarlie
(4)
Pendant le stage à Dala-Floda nous avons aussi pu nous
familiariser avec d’autres techniques textiles de la région.
L’une d’elles est le tricot appelé tvåändsstickning. Je ne sais même pas s’il
y a un terme français, vu que c’est une méthode si spécifique pour les pays nordiques. On a trouvé un gant datant du XVIIe siècle,
fait en cette technique. Elle consiste à tricoter en alternance avec les deux
bouts d’une même pelote. Ceci donne un tricot très serré. La méthode est
surtout utilisée pour les moufles – qu’on embellit richement avec des
broderies, une fois finies, pour des
chaussettes, et pour les manches des vestes traditionnelles.
Les manches sont d’abord tricotées en blanc et noir. C’est
seulement quand elles sont terminés qu’on les teint en rouge (explication : ce serait du gaspillage de teindre la laine
en pelote, vu qu’on ne l’utiliserait pas entièrement). Autrefois, on les
apportait ensuite chez le tailleur qui les attachait à la veste en drap vert.
Souvent, la veste était décorée avec des broderies faites avec la machine à
coudre. Même les raccommodages étaient tricotés de la même façon !
Au fur et à mesure que l’ouvrage avançait, on tricotait
plus large et les motifs floraux étaient également élargies, sans grilles pour
aider la tricoteuse ! Au fait, on appelle tous les motifs floraux dans la
région des « roses » ….
La difficulté avec ce genre de tricot est que les fils
s’entortillent, et il faut souvent s’arrêter et les démêler. Pour cette raison,
on utilise les fils filés en « Z » (normalement les fils sont filés
en « S »). Nous avons visité la filature Wålstedts dans le village,
entreprise familiale depuis quatre générations, qui produit ce type de fil et
beaucoup plus.
Une autre difficulté, pour les personnes qui ont
appris à tricoter de manière scandinave, est que le mouvement est à l’envers de
ce qu’on a l’habitude de faire. Le fil est tenu sur les doigts de la main
droite, et on bouge les aiguilles (toujours cinq aiguilles pour le tricot en
rond) dans le sens opposé de l’habituel. Si on introduit une autre couleur, on
laisse toutefois l‘un de bouts de la
pelote principale de côté et on travaille avec un fil de chaque couleur. C’est
dire que l’ouvrage n’avance pas vite ! Voici mon début d’un
chauffe-poignet, je crois qu’il finira comme bracelet….
Sur ce tableau du peintre dalécarlien Anders Zorn (1860-1920),
on peut voir une fille de la région tricoter avec cette méthode (cela se voit
sur sa façon de tenir les aiguilles). Le tricot était pour la population paysanne une source de revenu supplémentaire. On
tricotait dans la charrette en allant aux champs, dans les près en surveillant
le bétail, et naturellement, à la maison pendant l’hiver.
The Roses of
Dalecarlia (4)
During the workshop
in Dala-Floda we also got acquainted with other textile techniques of the
region.
One is a knitting
technique called tvåändsstickning. In
English I’ve seen it called 'two-end knitting' or 'twined knitting', but it is essentially
specific to Nordic countries. There is
an archaeological finding of a glove from the seventeenth century made in that
technique, which consists in alternating knitting with each end of the same
ball of yarn. This yields a very compact knitting. The technique is mainly used
for mittens – which are afterwards richly embroidered; socks and sleeves of traditional jackets.
The sleeves are
first knitted in black and white. It is only afterwards that they are dyed red (because
if the yarn were to be dyed before knitting, it would result in waste, since
some of the yarn on the ball would not be used). In the old days, the sleeves would then be
taken to the tailor, who sewed them onto the green jacket made of woollen
cloth. Sometimes, the tailor would ornament the jacket with sewing-machine
embroidery. Even patches on the sleeves were made using the same method!
As the sleeve grew
and got larger, the floral motifs got larger too, and that in spite of the fact
that there were no grids for the pattern to help the knitter! Actually, all
floral motifs in the region are called roses….
The difficulty
with this kind of knitting is that the threads get twined and you have to stop
often and untwine them. For this reason, “Z”-spun yarn is used (normally, yarn
is “S”-spun). We visited Wålstedts, a spinning mill in the village going four
generations back in time. They stock the “Z”-spun yarn along with other
goodies.
Another difficulty
for people that have leared to knit the Scandinavian way is that movements are
the opposite of what one is used to. The yarn is held over the fingers of the
right hand, and the needles (double-pointed needles for knitting in the round)
are moved in the direction opposite to the usual one. If you introduce another
colour, you work the yarn of that colour and just one end of the main
colour. All this leads to slow
progress! I started on a wrist-warmer, but I think I’ll be happy with
a bracelet!
Anders Zorn, a painter
from Dalecarlia, (1860-1920), has painted a local girl knitting using this
method (as seen by the way she holds the needles). Knitting was for the peasant
population an additional income source. They knitted in the wagons on their way
to the field, in the meadows while watching the cattle, and of course, at home
during the winter months.
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