lundi 31 octobre 2016

Motifs de broderie, esprit patriotique

Je viens de rentrer d’un voyage en Ukraine. Là-bas, j’ai été frappé par l’omniprésence des motifs de broderie ukrainienne. J’ai parlé de cette broderie à prédominance rouge et noire l’année dernière lorsque j’ai présenté les serviettes traditionnelles (rouchniki). Aujourd’hui, on la retrouve sur des tuniques et des T-shirts en vente dans de nombreuses boutiques à Kiev. A juger par la quantité de ces vêtements en vente, je ne pense pas qu’ils soient uniquement destinés aux touristes ; et en effet, je les ai vu portés par les habitants de la ville.




Plus curieusement, on retrouve ces mêmes motifs imprimés sur environ 90% des sacs en plastique, quelle que soit la spécialité du magasin en question ; et même, sur des nappes en plastique, comme sur ce chantier près de l’opéra.





J’ai visité un monument important à Kiev : le mémorial de la famine 1932-1933 orchestrée par Staline pour briser la résistance ukrainienne à la collectivisation des fermes. Cet évènement est gravé dans la mémoire collective ukrainienne. Or, la salle d’exposition était décorée de motifs des rouchniki ; avec, certes une ironie amère, l’arbre de vie. Au point central de l’exposition figurait également une construction en métal qui rappelait les « araignées en paille » typiques de l’art populaire ukrainien.
On voit clairement que le peuple ukrainien a besoin de se souder face à la menace russe qu’il ressent. C’est intéressant qu’il utilise des motifs de broderie comme symboles de l’unité nationale.








Embroidery motifs and a patriotic spirit





I have recently made a trip to Ukraine where I was struck by the omnipresence of Ukrainian embroidery motifs. Last year, I spoke about this red and black embroidery on traditional towels (rushniki). Today, you can find this embroidery on tunics and T-shirts sold in a multitude of shops in Kiev. Judging by the quantity of these garments for sale, I don’t think they are solely meant as souvenirs for tourists, and indeed, I saw local people wearing them.
More interestingly, we see the same motifs printed on around 90% of plastic carriers bags, whatever the shop in question is selling; and even on plastic tablecloths, as on this building site close to the opera house.
In Kiev, I visited an important monument: the memorial of the man-made famine of 1932-1933, devised by Stalin to break Ukrainian resistance to the collectivisation of farms. It is an event etched in collective Ukrainian memory. I noted with interest that the exhibition hall was decorated with motifs from rushniki, among others, a tree of life – what bitter irony! The central point of the exhibition also included a metal construction referring to “straw spiders”, typical of Ukrainian folk art.
It seems clear that the Ukrainians feel a need to unite against the Russian threat they are experiencing. It is interesting that they use embroidery motifs as symbols of national unity.



jeudi 13 octobre 2016

(The Day) When the Ship Comes In



C’est un grand jour aujourd’hui.

Il faut que j’exprime ma joie ici à l’annonce du Prix Nobel de littérature : Bob Dylan.
On ne se défait pas de ses idoles de jeunesse. Mais Bob Dylan est plus qu’un chanteur.
C’est un poète dont les paroles sont gravées dans la mémoire collective de ma génération. Poésie rebelle, poésie lyrique, poésie visionnaire, poésie burlesque… tout est là.
Croyez-moi, ça vaut le coup d’apprendre l’anglais rien que pour apprécier son œuvre (et c’est en partie ce qui m’a poussée à le faire).
Il est vrai, Hugues Aufray a fait un bon travail pour rendre les chansons de Dylan accessible au public français, mais … something got lost in translation (quelque chose s’est perdu en cours de la traduction).

Si vous connaissez l’anglais, comparez donc ces strophes de When the ship comes in:

Oh the fishes will laugh
As they swim out of the path
And the seagulls they will be smiling
And the rocks on the sand
Will proudly stand
The hour that the ship comes in.

And the words they used
For to get the ship confused
Will not be understood as they’re spoken
For the chains of the sea
Will have busted in the night
And will be buried at the bottom of the ocean

Avec Le jour où le bateau viendra:
Les poissons seront fiers de nager sur la terre 
Et les oiseaux auront le sourire. 
Sur le sable les rochers seront heureux croyez-moi 
Le jour où le bateau viendra. 

Ce que l'on disait pour égarer les marins 
Ne voudra plus rien dire non plus rien 
Et les grandes marées seront déchaînées 
Le jour où le bateau viendra. 

Alors vous constaterez que la poésie de Bob Dylan est superbe… et intraduisible !

Dans les années soixante, un journaliste suédois avait déjà écrit que Bob Dylan méritait le Prix Nobel – quelle idée farfelue, à l’époque... Après 50 ans, c’est enfin fait !

(The Day) When the Ship Comes In

It is a special day today and I just want to tell you how happy I was as the winner of the Nobel Prize for literature was announced: Bob Dylan.
You never quite leave behind the idols of your youth. But Bob Dylan is more than a singer. He is a poet whose words are etched in the collective memory of my generation. A poetry that is rebellious, lyrical, visionary or burlesque. Believe me, it has been worth learning English just in order to understand his texts (which actually partly motivated me)!
The French singer-song writer Hugues Aufray certainly did a great job translating Dylan’s texts in order to make him known in France. But – if you master French and read the verses above, you will surely agree  that something got lost in translation…


Already in the sixties, a Swedish reporter suggested that Bob Dylan deserved the Nobel Prize. It sounded preposterous at the time, but… times they have a-changed and 50 years later, it is done!