Deux filles et un triste anniversaire
Voici un
chemin de table (ou un panneau
mural) sur lequel je suis tombée dans une brocante; il était tellement froissé et sale que je voyais à peine les motifs. Une fois lavé et repassé, il est devenu clair qu’il représente l’allégorie de
la Lorraine et de l’Alsace –
deux filles en coiffes caractéristiques
de ces provinces ainsi que des symboles
et les couleurs de
la France. On peut dater de tels ouvrages entre 1871 et 1914, quand, suite à la guerre
franco-prussienne, l’Alsace et une
partie de
la Lorraine
ont été annexées par l’Allemagne. Par
ces simples broderies, les jeunes filles françaises apprenaient à exprimer leur
deuil des provinces perdues. Ces ouvrages devenaient en effet un puissant outil
de propagande. N’oublions pas que
la
France voyait dans le conflit naissant en 1914 l’occasion de récupérer
ces territoires, et le soutien populaire pour l’entrée en guerre était
énorme.
Voici un sujet à réflexion,
pendant que nous commémorons, cet été, le 100e anniversaire de la Première Guerre mondiale,
ce « suicide collectif de l’Europe », comme l’a récemment exprimé un député du Parlement Européen.
En bas, un deuxième panneau avec
le même sujet, cette fois on voit mieux les coiffes, ainsi que les motifs typiques :
la vigne, les bleuets et les coquelicots.
Two girls and a sad anniversary
Here is a table runner (or a wall hanging) I
found in a distressed state at the flea market. When I had washed and ironed it, I saw that it
represented the allegory of the French provinces of Lorraine
and Alsace –
two girls in characteristic bonnets from those provinces, as well as certain
symbols and the French colours. Such embroideries can de dated to the years 1871
to 1914, when, following the French-Prussian War, Alsace
and part of Lorraine
became German territories. Through such simple embroideries, young French girls
learnt to express their sorrow over the lost provinces. In this way, these
pieces of needlework became powerful propaganda tools. As the international conflict
drew nearer in 1914, France
saw a chance of recovering the lost regions, and there was enormous popular
support in favour of the war.
This is
something to reflect upon, as we this summer commemorate the centenary of the outbreak of World War One; that ‘collective European
suicide’, as one Member of the European Parliament recently put it.
The second picture represents another wall
hanging with the same subject matter. This time you can see the bonnets more
clearly, as well as the typical motifs of grapes, cornflowers and poppies.